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mardi 24 février 2015

1er Carnet - du 10 au 13 mai 1918

10 mai. – Art de guerre.

Vitrine d'une boulangerie protégée contre les bombardements au 12 rue Soufflot, Paris, France, 22 mars 1918 
Vitrines du Grand Bazar protégées contre les bombardements, Paris, France, 10 mai 1918

A la suite du bombardement, les journaux ont recommandé aux Parisiens de coller des bandes de papier sur les glaces des vitrines des magasins pour éviter qu’elles ne se brisent. Ma bonne ville ne fut jamais si belle. Spontanément, un art a surgi, l’art du ruban de papier. Il semble qu’il ne restera plus un dessin géométrique à inventer, certains sont merveilleux. Parfois, le simple boutiquier montre plus de goût que le grand orfèvre. Une heure a suffi pour créer un art ! Hélas ! en une minute, on le grattera . 

11 mai. – « L’Invocation à l’amour. » Sépia par Fragonard.

L'invocation à l'amour - 1781 - Fragonard - Cleveland Art Museum

Elle est trop blonde, sans détails, mais quelle passion ! Achetée quinze mille francs à Mme Veuve Debussy, l’ancienne femme de Sigismond Bardac.

12 mai. – Avec Cadou, à Hermé.


Village aussi mortel que les tranchées. Nous relisons ce journal. Prenons quelques notes, des phrases ou anecdotes à revoir ou à compléter. Il m’encourage à le continuer.

 13 mai. – Sur Bernstein*.


« C’est le Georges Ohnet du théâtre », me dit Berenson.

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Note de l'auteure de ce blog

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Pour Berstein voir le journal du 6 mai
Georges Ohnet, également connu sous le pseudonyme de Georges Hénot, né le 3 avril 1848 à Paris et mort le 5 mai 1918 à Paris, est un écrivain de romans populaires français. Il est le petit-fils du docteur Esprit Blanche.


Fils de l'architecte Léon Ohnet, et petit-fils du docteur Blanche1, Georges Ohnet débuta dans le journalisme, notamment au Pays et au Constitutionnel. Ses premières œuvres littéraires sont des pièces de théâtre : Regina Carpi (avec Louis Denayrouze, 1875), puis Marthe (1877). Ces deux pièces n'eurent pas de réel succès. Il publia ensuite de nombreux romans. Il fut entre autres l'auteur de la série intitulée Les Batailles de la vie dont les titres les plus connus sont Serge Panine, Le Maître de forges, La Grande Marnière, La Comtesse Sarah. Il connut un très grand succès et les tirages de ses romans furent extrêmement importants. Plusieurs de ses romans furent adaptés au théâtre.
Source Wikipedia

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

vendredi 20 février 2015

1er Carnet - 5 et 6 mai 1918

5 mai. – Lits à trois. 


Avec son second mari Rigo Jancsi.

Cadou m’écrit : « On vient de vendre à l’hôtel Drouot, me dites-vous, un horrible lit de trois mètres de large, bariolé d’amours et ayant appartenu à la princesse de Chimay* enlevée par le tzigane Rigo. J’ai passé mes treize premières années tout près de Chimay, où la conduite de la princesse était citée par les gens du pays avec ce mélange d’air scandalisé et de contentement à cause de l’orgueil local, songez donc, une princesse ! » 

Le lit de trois mètres de large me rappelle une histoire pouffante. Ma belle-mère a habité Garches ; elle faisait travailler un ébéniste qui lui avait raconté que Zola lui avait commandé, autrefois, un lit à trois. Rien ne peut rendre l’expression de scandale étonné de ma belle-mère. « Oh ! pensez-vous ! un lit à trois, ce vieux dégoûtant ! un lit à trois ! » Ma femme et moi en étions malades. 

 6 mai. – Vente Degas. 


Celle des propres œuvres de l’artiste. Elle commence chez Georges Petit. À aucune vente l’affluence ne fut si nombreuse. 

Portrait d'Henry Bernstein par Renoir


Un mot de Renoir. 
Georges Bernheim l’a entendu de la bouche de l’artiste et me le cite. Renoir avait peint le portrait de Bernstein**, l’auteur dramatique, qui ne lui fut pas payé ; alors le peintre : « Il aurait au moins pu me régler avec un bouquet de violettes. »


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Notes de l'auteure du blog

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CLARA WARD DE RIQUET (1873-1916), princesse de Caraman-Chimay (née Clara Ward).

C’était une riche américaine qui a épousé le 19 mai 1890 (1) Marie Joseph Anatole Pierre Alphonse de Riquet (1858-1937), 19ème prince de Caraman-Chimay. Elle s’est enfuie avec un violoniste gitan (2) Rigó Jancsi, ce qui a causé son divorce. Elle et le prince ont divorcé le 18 janvier 1897. Elle s’est remariée peu de temps après avec Rigo Jancsi et divorça ensuite, car il lui a été infidèle. Elle a rencontré ensuite (3) Peppino Ricciardo dans un train et l’épousa en 1904, mais ça n’a pas duré longtemps. Ensuite elle rencontra son quatrième mari le (4) Signore Cassalota un directeur de station de chemin de fer avec qui elle resta mariée jusqu’à sa mort en 1916. L’histoire de Clara Ward, qui a souvent été appelée « princesse de Caraman-Chimay », est mal connue aujourd’hui, mais voilà plusieurs années, au début des années 1890, elle était la coqueluche des États-Unis. À la fin des années 1890 et les années Édouadiennes, elle a passé beaucoup de temps dans la société et faisait partie des potins des deux continents. Elle a été largement connue enviée et admirée, désirée, détestée et méprisée. Son père versa 2.5 millions de dot pour se marier avec le prince. (Source les chroniques de Loulou)

La princesse de Chimay avec  le prince Joseph de Caraman-Chimay (1858-1937) son premier mari.

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Henri Bernstein ou Henry Bernstein (Henry Léon Gustave Charles Bernstein), né le 20 juin 1876 et mort le 27 novembre 1953, est un dramaturge français du théâtre de boulevard. Il devint célèbre en 1906 grâce au succès de son drame bourgeois Le Voleur. Avant la Seconde Guerre mondiale il connut un regain de célébrité grâce à un duel contre Édouard Bourdet, son rival dans le même genre théâtral. En 1911, il donne à la Comédie-Française la pièce controversée Après moi, dénoncée comme une œuvre « juive » et qui plus est d'un « juif déserteur », par ses détracteurs qui jugeaient qu'elle ne devait pas avoir sa place au théâtre. Cette représentation lui vaudra ainsi des manifestations tant antisémites que nationalistes comme celle organisée par Léon Daudet de l'Action française qui s'insurge moins contre la pièce que contre son auteur, à la fois en raison de ses origines juives et de son passé de déserteur (il avait en effet déserté durant son service militaire). Par la suite, Bernstein fut directeur du théâtre du Gymnase à Paris de 1926 à 1939 et y créa plusieurs de ses œuvres. Les représentations de la pièce sont interrompues par l'entrée en guerre de la France. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'était exilé aux États-Unis. Il écrivit Portrait d'un défaitiste, un portrait implacable de Pétain qui connut un grand écho dans la presse américaine.
Source Wikipedia

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963