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vendredi 15 mai 2015

3ème Carnet - 11 septembre 1918

11 septembre. – Sur Rodin.
Braun, Clément et Cie, Portrait de Camille Groult, 1902 
Épreuve au charbon - 22,9 x 16,4 cm Paris, Musée d’Orsay 
 Photo : Musée d’Orsay / Fonds Jean-Léon Gérome et Aimé Morot

Edouard Kann ne prise pas beaucoup son art. « C’était, me dit-il, un artiste incomplet. » Il me rapporte cette anecdote qui lui fut contée par Groult : Groult* possédait dans sa propriété de l’avenue de Malakoff des cygnes blancs magnifiques qui évoluaient dans un bassin au milieu du jardin. « Donne-moi quelques-uns de tes cygnes », lui demande, un jour, le sculpteur. « Non », répond Groult. « J’adore tes cygnes, fait Rodin, donne-m’en quelques-uns, je leur construirai dans ma propriété un bassin merveilleux. De mon salon je veux jouir sans cesse de leur vue. » « Bien, répond Groult, mais construis-le d’abord, ton bassin. » Quelques mois plus tard, Rodin lui annonce que le bassin est terminé. Groult fait : « Mes cygnes attendent des petits que je t’apporterai moi-même dans un mois. » Ce qui fut dit, fut fait. Avant de les pousser dans l’eau, Rodin fit admirer son œuvre à notre amateur. Les cygnes entrèrent dans le bassin avec joie. C’est alors que Rodin entraîna Groult dans son salon pour le faire jouir une heure de cette vue qu’il se promettait constante. Hélas ! le rebord du bassin était trop haut ! On ne pouvait les voir.

Le bassin du musée Rodin à l'Hotel de Biron**

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Notes de l'auteure du blog

* Situé en face du Palais Rose (de Boni de Castellane)... l'ancien hôtel particulier de Camille Groult, fabricant de pâtes alimentaires, et possédant une des plus remarquable collection de peintures du XVIII siècle .... agrandi par Hypolite Destailleurs et détruit depuis.
Source Evous

Camille Groult (30 juin 1837, Paris - 13 janvier 1908, Paris), est un industriel et collectionneur d'art français.
Héritier d'une riche famille de minotiers (pâtes alimentaires Groult à Vitry-sur-Seine, rue d'Oncy, maintenant rue Camille-Groult, qui fusionnèrent en 1967 avec la marque de semoule Tipiak, usines à Nantes et Pont-l'Évêque), il commença, vers 1860, à collectionner des tableaux, dessins et pastels du XVIIIe siècle français, mais délaissa ce thème autour de 1890, pour acquérir des tableaux du XVIIIe siècle anglais. "Ami du Louvre", plus tard donateur d'une riche collection, il fut sans doute le plus grand amateur de peinture britannique en France à la fin du XIXe siècle. Grâce à ce don, le Louvre conserve à présent un ensemble d’œuvres de Raeburn sans exemple hors du monde anglo-saxon. Marié à Alice Thomas, fille du préfet Théodore Thomas (1803-1868) et de Rose Françoise Anaïs Tassin de Moncourt, il est le grand-père de Pierre Bordeaux-Groult.
Source Wikipedia

Voir aussi
Camille Groult, le rose de Boucher et le rouge de Reynolds

** L'hôtel Biron fut construit au début du XVIIIe siècle. Il est entouré d'un grand jardin, dans Paris. Au début du XXe siècle, on menace de le détruire. Alors, de nombreux artistes s'y installent, comme Jean Cocteau, Henri Matisse, Isadora Ducan qui y crée un atelier de danse. Rodin y emménage en 1908. Dans les jardins, il place ses sculptures antiques; dans l'hôtel, ses sculptures, plâtres, moulages, dessins. En 1911, l'État achète la propriété. Rodin propose de donner toutes ses œuvres à l'État si celui-ci transforme l'hôtel en musée Rodin. Le projet est accepté et le musée ouvre en 1919.
Mais il peut aussi s'agir d'un bassin construit dans la propriété de Rodin à Meudon :


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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

mardi 5 mai 2015

3ème Carnet - 21 août 1918

21 août. – Le Lorenzo Monaco du musée de Boston.


Le mariage mystique de Sainte Catherine -  environ 1340 - Barna da Siena (italien (Sienne), actif de 1330 à 1350 (Sienne)) : au musée de Boston (voir la note*)
Source le musée de Boston

Je l’ai acheté cent cinq mille francs, en même temps que le Gentile da Fabriano que j’ai vendu à Henry Goldman de New York et le Pietro Alamanno que je possède encore. J’ai trouvé cette indication par hasard en ouvrant un livre de comptabilité. Je m’amuserai quand j’aurai le temps à revoir mes vieux livres et à donner des indications sur les prix de notre époque.

Évacuation des objets d’art.
Chantilly : arrivée du Prix de Diane : M. Edouard Kann, propriétaire de Reganda : [photographie de presse] / Agence Meurisse Source Gallica

Edouard Kann (1) m’en parle, qui a une assez grande collection. Il est le neveu de Rodolphe Kann qui possédait la fameuse collection que nous avions achetée dix-sept millions avec Duveen frères. Il est le fils de Maurice qui avait aussi une très belle collection dont nous acquîmes les plus beaux tableaux.


Il me dit : « Les Boches avaient entrepris l’attaque de cette formidable position, le Chemin des Dames. Ils l’enlèvent en un tournemain. C’est qu’elle n’était plus gardée que par trois divisions territoriales et deux des divisions anglaises décimées deux mois auparavant quand elles reculaient jusqu’aux abords d’Amiens. Elles avaient été placées là, en quelque sorte, au repos, avec un moral très mauvais. Les Allemands comptaient s’arrêter, mais, ne trouvant personne, ils avancent pendant trois jours de soixante-dix kilomètres, l’arme à la bretelle. Dix mille hommes des nôtres, des cavaliers, descendent du Nord, leur barrent la route et les Boches s’arrêtent devant notre première tentative de résistance.

Photographie du musée de Douai en octobre 1918. BDIC/MHC, Paris - Source musée de Douai

« C’est alors que les Beaux-Arts s’occupèrent de faire déménager les objets d’art. Je ne voulais rien bouger, ils insistent et m’offrent un immense wagon dans lequel ils empilent seize cent mille francs de marchandises.

ARTS (Les) N° 88 DU 01/04/1909 - TOCQUE - Portrait de femme - Collection de feu Maurice Kann - Brouwer - Collection de M. KANN

Dix tableaux, dont mes deux panneaux de Fragonard, de la vente Crosnier, ma femme de Tocqué, mes Largillière, mon petit Boilly, la femme à l’oiseau qui m’a coûté vingt-trois mille francs, ma bibliothèque de Strasbourg et quelques autres meubles.
« Le Louvre, les Arts décoratifs, le Petit Palais déménagèrent incroyablement vite. Ce fut un beau tour de force ! »

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Note de l'éditeur

(1) Il a écrit un journal pendant la guerre, il me l’a dit. Il peut être intéressant. Kann, mort il y a deux ans, était très instruit. Il était auxiliaire, et fut placé à la Maison des Journalistes où on était très au courant des dernières nouvelles et où passaient tant de gens intéressants.

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Note de l'auteure du blog

* A propos de cette toile de Barna da Siena, le musée précise dans sa notice :
Provenance
1858, Robert Macpherson, Rome [Otto Mündler signale avoir vu la peinture à Rome le 12 mai 1858, chez Mme Anna Jameson, la tante de la femme de Macpherson ("Les Travel Diaries de Otto Mündler , "Walpole Société 51 (1985): 234). Robert Macpherson était un artiste écossais qui s'installe en Italie en 1840 et a travaillé à titre de courtier.].
1859, William Blundell Spence (b 1814 -.. D 1900), Londres [De Londres, Spence a écrit à Lord Alexander William Lindsay le 27 Juillet 1859, parlant de trois tableaux qui venaient d'arriver de Rome (que ce soit des tableaux achetés à Macpherson n'est pas précisé), y compris le tableau AMF, attribué à Simone Martini. Voir John Fleming, "Dealing Art dans le Risorgimento,« Burlington Magazine 121 (1979): 503, n. 62 et 579, et Hugh Brigstocke, "Lord Lindsay comme Collector», Bulletin de la John Rylands Library 64 (printemps 1982): 321, n. 4.].
Alexander Barker (1873 d.), London [Dans une lettre de Wildenstein, Paris, à Walter Gay de l'AMF (28 Décembre, 1915), le tableau est dit avoir été acheté auprès d'Sartoris. Le concessionnaire croit que Sartoris l'a reçu d'un de ses oncles, qui l'avait acheté de la collection Barker. Il ne peut pas être identifié avec l'un des tableaux des ventes aux enchères Barker du 6 Juin, 1874 ou 21 Juin, 1879. ]
Vendus de la collection Barker à l'oncle d'Algernon Sartoris (?); par filiation à Algernon Sartoris -, Paris et Londres (1877 b 1907 d..)
Vendu par Sartoris à Gimpel et Wildenstein, Paris et New York [En plus de l'information fournie par Wildenstein (voir ci-dessus), René Gimpel et Wildenstein a noté le 7 Juillet 1918, qu'il provenait de la collection Sartis [sic]. Il été exposé au Musée des Arts Décoratifs, à Paris, comme une œuvre de Lorenzo Monaco. Voir son «Journal d'un marchand d'art," trans. John Rosenberg (New York, 1966), p. 46. ]
1915, vendu par Wildenstein à l'AMF pour $ 17,727 [donné alors comme un travail de Lippo Memmi.].
Source le musée de Boston

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963