jeudi 12 février 2015

1er Carnet - 13 avril 1918

13 avril. – Chez Renoir. 


Renoir - Pierrot

A Nice, dans son appartement, rue Palermo. Son pied ne va pas bien et on a eu peur de la gangrène. On a transporté le peintre ici et il va mieux. Son fils, acteur inconnu(1) , blessé de guerre au bras droit, est accouru et a rapporté de Paris quelques toiles roulées afin de les sauver du danger du bombardement : une Femme nue (1910) dont les tons ont déjà un peu noirci, presque grandeur nature, en long. Un Pierrot assis avec une collerette rouge (toile de 50). Une femme, son modèle actuel, le coude gauche levé, une rose jaune à la main (toile de 90). Le portrait de Dussane*, de la Comédie-Française, chez elle. Elle est assise et a l’air d’une sultane. La toile a déjà un peu noirci (1916).

Béatrix Dussane en 1910

Je ne sais s'il s'agit du portrait de Dussane : il est daté de 1916 (il y en a assez peu qui soient répertoriées de cette année-là) et est actuellement en France, au musée Picasso. Le modèle a les traits épais de l'actrice en 1920, et elle est assise. A-t-elle l'air d'une sultane ??


Béatrix Dussane en 1920

Il m’apprend qu’il l’a donnée au Luxembourg. Renoir me dit qu’il peint couleur brique pour que, plus tard, ses couleurs deviennent d’un rose laiteux. Quand il ne pensait pas à la décomposition des couleurs, ses tableaux ne bougeaient pas. Il faudra bien des années pour savoir si, à la fin de sa vie, Renoir a eu raison. Ce serait désastreux pour l’avenir de la peinture d’avoir à peindre un ton pour en obtenir un autre.

--------------
Note de l'éditeur du journal d'un collectionneur
(1) 
Est devenu un bon acteur (Note de 1929).
--------------
Note de l'auteure du blog
*
Béatrice Dussan, dite Béatrix Dussane, née le 9 mars 1888 à Paris où elle est morte le 3 mars 1969, est une actrice française. Entrée à la Comédie-Française en 1903, elle en devient la 363e sociétaire en 1922.
Passionnée par le théâtre, Béatrix Dussane est reçue au Conservatoire d’art dramatique où elle suit les cours le mercredi et le samedi matin. Née Dussan, elle ajoute un « e » à son patronyme pour imiter la grande comédienne de l'époque Réjane (pseudonyme de Gabrielle Réju). Un premier prix de comédie classique couronne ses efforts le 22 juillet 1903. Elle est engagée aussitôt comme pensionnaire. Nommée sociétaire en 1922, elle siège au conseil d’administration de 1935 à 1942. Professeur au Conservatoire d'Art dramatique de Paris, elle aura comme élèves Sophie Desmarets, Robert Hirsch, Michel Bouquet, Maria Casarès, Serge Reggiani, Daniel Gélin, Gérard Oury, Michel Le Royer et bien d’autres. Dès les années 1920, elle donne des conférences, collabore à différentes revues et publie plusieurs ouvrages sur le théâtre. À partir de 1951, elle tient une chronique dans Le Mercure de France. Vers la fin de sa carrière, elle produit des émissions radiophoniques et télévisées consacrées à l'histoire du théâtre.
Source Wikipedia

------------
Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire