dimanche 22 février 2015

1er Carnet - 7 et 8 mai 1918

7 mai. – Vente Degas. 

La Famille Bellelli de Degas - Musée d'Orsay

La première vacation a rapporté deux millions. Toutes les prévisions sont dépassées. Le Louvre a acheté à l’amiable le tableau de famille (n° 4) quatre cent mille francs*. C’est un des beaux tableaux du monde. Que n’a-t-il peint plus de portraits ! 

8 mai. – Occasions. 

Je n'ai pas réussi à trouver de photo de Georges Petit. Juste cette gravure de l'Illustration du 9 décembre 1905 intitulée : La vente de la collection Cronier** à la Galerie Georges Petit
On peut imaginer, d'après la description qu'en donne Gimpel, que Georges Petit ets l'homme debout à gauche, bien enveloppé. L'événement se situe 13 ans avant le journal de Gimpel, il a eu le temps de devenir obèse entre temps !!

Georges Petit***, qui a une figure de matou musqué, obèse et hydrocéphale, me dit : « Il y a quinze ou vingt ans, je suis entré chez tous les commerçants de Fontainebleau pour chercher les tableaux que Corot avait pu leur donner en paiement. Les deux plus beaux, je les ai trouvés chez une fruitière qu’il n’avait pas réglée pendant trois ans et à laquelle il avait dû quatre cents francs. Je les ai achetés douze mille et vendus cinquante. Ils vaudraient aujourd’hui deux cent mille francs pièce. »

Dessin de Helleu sur la première de son catalogue de la Vente Degas

Vente Degas. 

Elle intéresse le gros public. Il y avait, dimanche, six mille personnes à l’exposition. Elle se termine sur un total de six millions.

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Notes de l'auteure du blog

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Entre 22 et 26 ans, Edgar Degas achève sa formation en Italie, où réside une partie de sa famille. Il représente ici sa tante paternelle, Laure, avec son époux, le baron Bellelli (1812-1864) et ses deux filles, Giula et Giovanna. Le baron est un patriote italien, chassé de Naples, qui vit en exil à Florence. La baronne porte le deuil de son père, Hilaire, récemment décédé, dont le portrait est représenté sur la sanguine encadrée, juste à côté du visage de sa fille. En 1860, les deux petites filles, Giovanna et Giula, ont 7 et 10 ans. La mère est impressionnante de dignité et affirme une autorité un peu sévère, qui tranche avec l'effacement relatif du père. Ce tableau de famille évoque ceux des maîtres flamands, de van Dyck en particulier. Chef d'oeuvre des années de jeunesse de Degas, ce portrait évoque les tensions familiales qui murent chacun des personnages dans leur solitude. Le format imposant, les couleurs sobres, les jeux structurés de perspectives ouvertes (portes et miroirs), tout concourt à renforcer un climat de malaise. D'autant que des suggestions de fuite apparaissent, comme ce curieux petit chien coupé hors-cadre. Seule la position presque ludique de la fille cadette, croisant une jambe sous ses jupes, contraste avec la pesanteur de l'atmosphère tandis que sa soeur aînée semble déjà prisonnière des conventions des adultes.

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Rue de Sèze. La grande cohue. Quelque chose comme une émeute silencieuse,--autour d'une porte; la prise d'assaut d'on ne sait quoi par une foule très élégante qui, des deux rues voisines, afflue, se serre en interminables files au long des trottoirs, guette fiévreusement son tour d'entrer... C'est le grand spectacle de la semaine,--autrement sensationnel qu'une «première» aux théâtres du boulevard; un spectacle où ce n'est pas de l'émotion inventée et truquée, de la littérature qu'on nous sert, mais de la douleur «pour de bon», le dénouement du drame vécu dont un homme est mort. La vente Cronier! Tout Paris a voulu voir cela et, depuis cinq jours, la salle Georges Petit est une étuve. On s'écrase, on joue des coudes pour arriver jusqu'aux cimaises:
--Avez-vous vu le Gainsborough?
--Et cette Flore, ma chère! c'est le chef-d'oeuvre de Carpeaux.
--Moi, ce sont les tapisseries que je voudrais m'offrir. Ces cartons de Boucher! c'est le triomphe de Beauvais.
--Et le Watteau! Et les Fragonard!
--Il y a un Perronneau délicieux.
--Oui, mais Chardin!


--Et les La Tour, donc!...

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Georges Petit, né à Paris le 11 mars 1856 et mort le 12 mai 1920, est un galeriste et marchand d'art français, l'une des figures clés du marché de l'art de son époque à Paris. Il fut, avec son grand rival Durand-Ruel, et dans une moindre mesure Louis Adolphe Beugniet, l'un des principaux promoteurs des peintres impressionnistes. Son père, François Petit, fonda en 1846, au 7, rue Saint-Georges à Paris, la galerie François Petit. Georges Petit ouvre sa propre galerie en 1881 au 12, rue Godot-de-Mauroy à Paris et devient au fil des ans l'un des plus puissants acteurs du marché français de l'art. Il expose d'abord aussi bien des artistes académiques, appréciés par une clientèle bourgeoise fortunée1, que des artistes aux conceptions d'avant-garde. Ainsi, la galerie devient au fil des ans un lieu privilégié alternatif à l'exposition au Salon des artistes français; elle prendra ultérieurement pour adresse le 8, rue de Sèze à Paris. Georges Petit expose Claude Monet à partir de 1885 et Alfred Sisley vers 1886.
Source Wikipedia

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

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