23 septembre. – Des Corot chez Georges Bernheim.
Je lui dis que, quand j’étais très petit enfant, j’aimais déjà Corot, et il me répond avec une merveilleuse sincérité dans la voix : « Moi, j’ai une raison bien plus forte pour l’aimer, c’est qu’il m’a fait gagner de l’argent. »
Quand les Allemands marchaient sur Paris, en mai dernier, Georges Bernheim n’a pas perdu la tête. Un marchand d’antiquités nommé Helft avait dans sa collection particulière un Corot (1) qu’il avait acheté pour environ dix-huit mille francs à Versailles, à la vente d’un nommé Denevers, un ancien ami de Corot. Bernheim va le trouver et lui dit : « Vendez-le-moi, vous n’aurez pas besoin de l’envoyer en province. » Devant les événements, l’autre le lui céda.
C’est le premier que Georges me montre aujourd’hui. Il en veut trente-cinq mille francs et il demande soixante-dix mille francs de La Route de Douai (2) qui est pareille à celle de la collection Thomy Thierry...
.... et quatre-vingt-dix mille francs d’une Bohémienne au tambour de basque (3) ; elle est en pied, avec un corsage rouge, une main droite un peu trop forte. C’est une belle toile.
La route de Sin-le-Noble, près de Douai-Musée du Louvre
C’est le premier que Georges me montre aujourd’hui. Il en veut trente-cinq mille francs et il demande soixante-dix mille francs de La Route de Douai (2) qui est pareille à celle de la collection Thomy Thierry...
.... et quatre-vingt-dix mille francs d’une Bohémienne au tambour de basque (3) ; elle est en pied, avec un corsage rouge, une main droite un peu trop forte. C’est une belle toile.
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Notes de l'éditeur
(1) Numéro 1414 du catalogue de Moreau-Nélaton.
(2) Environ soixante de large sur quarante.
(3) Numéro 1033 du catalogue Moreau-Nélaton (environ soixante de hauteur et quarante de largeur.)
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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
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