Chez Ernest May, collectionneur (1)
Ernest May par Degas
Source Wikipedia
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Le vieillard est matinal, il me reçoit à 9 heures. Quoiqu’il ait quinze Corot très divers, c’est une bien petite collection.
Le comte de Bryas, vice-président du Cercle interallié, me dit : « Quand Briand est parti avec lui pour Rome, il a voulu lui donner des indications sur l’étiquette, mais Thomas l’a rabroué en lui disant : « Je sais me tenir tout aussi bien que toi dans les cours. » Comme le roi se trouvait au front, c’est la reine et le duc de Gênes qui les reçurent. Briand s’avança, baisa la main de la reine et salua le duc de Gênes. Quand ils furent seuls, Thomas dit à Briand : « Imbécile, tu as oublié de baiser la main du duc de Gênes ! » Thomas l’avait fait. Rome pendant six mois en a ri.
Chez Helleu. (3)
Sur le catalogue de la vente Curel, il a dessiné une ou deux rangées d’acheteurs et ils sont ressemblants. Il prend ainsi des croquis à toutes les ventes. Il me montre sur le catalogue Degas un excellent portrait du marchand Vollard. Sur celui de de Biron, une très bonne tête de Loys Delteil, l’expert en dessins. Il a donné son catalogue Goncourt à la comtesse de Béarn.
Source : vente Artcurial
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Notes de l'auteure du blog
(1) Ernest May (16 juillet 1845, Strasbourg - 1925) était un banquier et collectionneur d'art français du début du XXe siècle.
(1) Ernest May (16 juillet 1845, Strasbourg - 1925) était un banquier et collectionneur d'art français du début du XXe siècle.
En 1888, Ernest May est directeur-administrateur de la Banque franco-égyptienne qui rachète à Gustave Eiffel la moitié du capital de la société anonyme de la tour Eiffel pour 2,5 millions de francs1.
En 1889, il est chargé de piloter sa transformation en Banque internationale de Paris (BIP), établissement très vite « en pointe dans nombre d'affaires minières, notamment en Afrique australe ». Elle lance cette année-là la création de la Compagnie générale des mines d'or, dont la Société générale prend 20 % du capital2.
En 1897, il est président du Comptoir national d'escompte de Paris (CNEP) constitué après la faillite du « Comptoir national d'escompte de Paris » (CEP) en 18893. En 1901, la Banque franco-égyptienne, devenue la Banque internationale de Paris (BIP) et toujours sous le contrôle d'Ernest May, a fusionné avec la Banque Française d'Afrique du Sud pour donner naissance à la Banque Française pour le Commerce et l'Industrie (BFCI), créée avec Maurice Rouvier, qui deviendra ministre des finances l'année des suivantes, en 1902.
Il se consacra également aux télécommunications et devient président de la Société industrielle des téléphones et de la Compagnie française des câbles télégraphiques.
Il était également administrateur des houillères de Janon-Terrenoire, des houillères de la Haute-Cappe, de la Société française de dragages et travaux publics, ect.
Ernest May était propriétaire du château de la Couharde, un vaste domaine situé à la fois sur la commune de Grosrouvre et sur celle de La Queue-lez-Yvelines, dans les Yvelines. Amateur de toiles impressionnistes, qu'il achète à partir de 1875, pour les installer dans un décor traditionnel fait de boiseries, de portières, de paravents, de meubles Louis XV et de glaces murales. Il a inspiré l'un des tableaux de Degas, Portrait à la Bourse.
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(2) Albert Thomas, né à Champigny-sur-Marne le 16 juin 1878 et mort à Paris le 8 mai 1932, est un homme politique français qui se distingua lors de la Première Guerre mondiale comme organisateur de la production d'armements et du travail ouvrier en temps de guerre. Il devint par la suite le premier directeur du Bureau international du travail à Genève.
Pour mieux comprendre l'anecdote, il faut savoir qu'Albert Thomas est le fils du boulanger de la commune, Aristide Thomas, venu de Poitiers et établi à Paris, puis à Champigny, et sa mère, Clémence Malloire, était une normande dont le père dirigeait une petite entreprise souvent au bord de la faillite.
Voir la suite de sa biographie sur Wikipedia
(3) Paul-César Helleu est un peintre français né à Vannes le 17 décembre 1859 et mort le 23 mars 1927 à Paris.
En 1876 il est admis à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Gérôme, mais c’est par les peintres de plein air qu’il est surtout attiré. Il se lie d’amitié avec Whistler et Sargent puis avec Monet qu’il rencontre chez Durand-Ruel lors de la seconde exposition des Impressionnistes.
Pour survivre Helleu travaille pour le céramiste Théodore Deck pour qui il exécute des décors de plats et c’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de Giovanni Boldini avec lequel il partagera une très longue amitié. Avec Jacques-Émile Blanche, il partage un goût passionné pour l’Angleterre depuis un voyage à Londres en 1885. La même année, il fait un essai de gravure avec une pointe de diamant offerte par James Tissot. En 1884, Madame Guérin lui commande un portrait de sa fille Alice, âgée de 14 ans, dont il tombe éperdument amoureux et qu'il épouse deux ans plus tard. Le pastel réalisé à cette occasion ainsi que la Gare Saint-Lazare seront présentés au Salon de 1885.
En 1886, déjà remarqué dans plusieurs expositions, il refuse avec son ami Monet de participer au 8e Salon, malgré les sollicitations de Degas. L’année suivante, Robert de Montesquiou lui achète un lot de six gravures, rencontre dont naîtra une amitié profonde avec le collectionneur qui le mettra en relation avec sa cousine, la comtesse Greffulhe. Invité par cette dernière en séjour dans son château de Bois-Boudran, il fait d'elle une centaine d'esquisses, dont très peu seront exposées, et qui appartiennent pour la plupart à des collections particulières. Dès cet instant, l’artiste pénètre dans la société parisienne et devient le portraitiste à la mode.
En 1893, il entame une série de vitraux de cathédrales et, dès l’année suivante, il change de thème et s’attarde sur le parc de Versailles.
En 1897 il exposera au Salon du Champ de Mars ses peintures de Versailles et des marines.
Helleu est un novateur qui s’attire l’admiration et la curiosité de ses contemporains. À l’inverse du goût prononcé de l’époque pour les intérieurs sombres, en 1889, il fait peindre en blanc les murs de ses appartements parisiens du 68, boulevard Pereire, puis du 45, rue Émile-Ménier.
Helleu est bientôt sollicité partout : en 1895 il expose à Londres, où le catalogue de l’exposition est préfacé par Edmond de Goncourt, ce qui consacre sa notoriété. Il rencontre alors Marcel Proust qui lui est présenté par Montesquiou et débute avec lui une relation profonde qui inspirera à l’auteur le personnage du peintre Elstir dans À la recherche du temps perdu.
Helleu gravera le portrait de Proust sur son lit de mort ; comme Elstir, Helleu est passionné par la mer.
Au plaisir du yachtman, qui passe le plus clair de son temps sur de superbes bateaux – il en possèdera quatre – le peintre découvre de nouvelles sources d’inspiration aussi bien dans les toilettes des femmes que dans ses visions de l’eau et du ciel, tantôt voilé, tantôt bleuâtre.
Le « style Helleu », qui caractérise l’élégance ou le raffinement et la grâce féminine obtient un immense succès tant à Paris qu’à Londres ou à New York, où il se rend à partir de 1902. Il remporte un très vif succès aux États-Unis avec ses portraits de femmes élégantes et en 1912, on lui passe une commande pour décorer le plafond du hall de la Grand Central Terminal de New-York, avec le thème des signes du Zodiaque : une voûte étoilée, traversée d’un zodiaque aux signes d’or et d'une voie lactée argentée. Malheureusement, Helleu, en décalquant cette voûte étoilée à partir d’un manuscrit médiéval, a reproduit le tout à l’envers.
Il meurt en 1927, des suites d’une opération, alors qu’il projetait avec Forain une grande exposition de ses peintures.
Son œuvre comporte de nombreux portraits peints ou gravés qui illustrent parfaitement les ambiguïtés de son époque où la frivolité et le culte du passé se confrontaient à la civilisation industrielle.
Le seul tableau qui orna le dernier appartement de lady Diana Mitford (1910-2003), épouse Mosley, fut un portrait de sa mère, Sydney Bowles, par Helleu.
Sa fille Paulette Howard-Johnston (morte en 2009) a légué l'ensemble de sa collection (huiles, pastels, pointe-sèches, dessins et mobilier issu de l'atelier de son père) au musée Bonnat de Bayonne qui est devenu le musée Bonnat-Helleu, Musée des Beaux-Arts.
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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
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