8 décembre. – « Le Dit des jeux du monde ».
Pièce cubiste de Paul Méral, en quatre suites, musique de A. Honegger, danses de G.P. Fauconnet, au théâtre du Vieux-Colombier. Elle n’est point sans mérite cette pièce que l’on siffle, où l’on se bat, comme hier soir, paraît-il.
11 décembre. – Sur un Vigée-Lebrun et un mobilier.
Nathan Wildenstein rappelle qu’il a offert quatre cent quarante mille francs du Vigée-Lebrun Polignac et il dit à Veil-Picard qu’il achèterait bien un million deux cent mille francs le mobilier rose des Laroche-Guyon composé de douze fauteuils et de deux canapés.
12 décembre.
Depuis l’armistice, tous les commerces se plaignent vivement de l’arrêt des affaires.
13 décembre. – Collection Denys Cochin. *
Le Baron Denys Cochin et la Baronne dans leur intérieur
Il en demande un million quatre cent mille francs.
Des amis m’ont invité à venir le voir passer du haut de leur balcon, avenue du Bois, mais je préfère me mêler à la foule et, avenue du Bois même, près de la rue Spontini, je trouve une excellente place : je poserai un pied sur le rebord d’un réverbère et l’autre sur un de ces grillages qui entourent les pelouses. Le canon tonne, Wilson débarque. Des hurrahs frénétiques. Le voilà. Le voici.
Son rictus ressemble à des parenthèses gigantesques que, tour à tour à volonté, il rapproche et éloigne, qu’il allonge et diminue, et c’est avec ce merveilleux instrument qu’il conquiert la foule, comme avec sa façon familière d’agiter son chapeau qu’il tient, le bras allongé, en l’air, très droit, du bout des doigts et qu’il tourne avec rapidité comme un miroir à oiseaux.
Son rictus ressemble à des parenthèses gigantesques que, tour à tour à volonté, il rapproche et éloigne, qu’il allonge et diminue, et c’est avec ce merveilleux instrument qu’il conquiert la foule, comme avec sa façon familière d’agiter son chapeau qu’il tient, le bras allongé, en l’air, très droit, du bout des doigts et qu’il tourne avec rapidité comme un miroir à oiseaux.
--------------
Note de l'auteure
* Fils d'Augustin Cochin (1823-1872), Denys Cochin fit ses études au Collège Stanislas et au lycée Louis-le-Grand puis s’engagea, à l’âge de 19 ans, en 1870, comme maréchal des logis au 8e cuirassier, avant de devenir porte-fanion du général Charles Denis Bourbaki.
Après la guerre, il fut pendant un an comme attaché d’ambassade à Londres auprès du duc de Broglie. De retour en France, en 1872, il entreprit des études de chimie, dans le laboratoire de Pasteur notamment. Chimiste éminent, il participera, pendant la Première Guerre mondiale, au développement de nouveaux explosifs et d'armes chimiques. Élu conseiller municipal du 7e arrondissement en 1881, il fut député de Paris de 1893 à 1919. Il fut l'un des principaux porte-paroles du parti catholique à la Chambre : après avoir amené - par une interpellation - le ministre Spuller à se déclarer favorable à un « esprit nouveau » à l'égard des catholiques, il défendit les libertés scolaires et les congrégations religieuses contre les attaques des gouvernements Waldeck-Rousseau et Combes.
Symbolisant le ralliement des catholiques à l’« Union sacrée », il fut ministre d’État dans le cabinet Briand (29 octobre 1915 - 12 décembre 1916), puis sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, chargé de la question du blocus allemand, dans le cabinet Ribot (20 mars - août 1917) dont il démissionna en constatant la rupture de l’« Union sacrée ». Il déclara alors :
« Pitié mon Dieu ! Vous êtes notre Père
À genoux, vos enfants sont en pleurs
Protégez-nous tout le temps de la guerre
Que nos soldats soient partout les vainqueurs
Pitié mon Dieu ! Pour la France coupable !»
Il a laissé plusieurs ouvrages dont : L’Évolution de la vie (1885, couronné par l’Académie française), Le Monde extérieur (1895), Contre les barbares (1899), L’Esprit nouveau (1900), Ententes et ruptures (1905). Il fut élu à l’Académie française le 16 février 1911.
Amateur d'art, Denys Cochin achète chez Durand-Ruel des tableaux impressionnistes, notamment de Claude Monet. En 1895, Denys Cochin commande à Maurice Denis une décoration d'ensemble pour son bureau sur un sujet tiré de la légende du Beau Pécopin, racontée par Victor Hugo dans Le Rhin, et de la légende de saint Hubert. Le choix de ces sujets illustre sa passion pour la vénerie, qu'il pratique en forêt de Fontainebleau, au départ de sa propriété de Beauvoir (Seine-et-Marne). Les sept panneaux de cette décoration sont conservés au Musée Maurice Denis. Albert Besnard réalise son portrait en 1902 (collection particulière).
--------------
Note de l'auteure
* Fils d'Augustin Cochin (1823-1872), Denys Cochin fit ses études au Collège Stanislas et au lycée Louis-le-Grand puis s’engagea, à l’âge de 19 ans, en 1870, comme maréchal des logis au 8e cuirassier, avant de devenir porte-fanion du général Charles Denis Bourbaki.
Après la guerre, il fut pendant un an comme attaché d’ambassade à Londres auprès du duc de Broglie. De retour en France, en 1872, il entreprit des études de chimie, dans le laboratoire de Pasteur notamment. Chimiste éminent, il participera, pendant la Première Guerre mondiale, au développement de nouveaux explosifs et d'armes chimiques. Élu conseiller municipal du 7e arrondissement en 1881, il fut député de Paris de 1893 à 1919. Il fut l'un des principaux porte-paroles du parti catholique à la Chambre : après avoir amené - par une interpellation - le ministre Spuller à se déclarer favorable à un « esprit nouveau » à l'égard des catholiques, il défendit les libertés scolaires et les congrégations religieuses contre les attaques des gouvernements Waldeck-Rousseau et Combes.
Symbolisant le ralliement des catholiques à l’« Union sacrée », il fut ministre d’État dans le cabinet Briand (29 octobre 1915 - 12 décembre 1916), puis sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, chargé de la question du blocus allemand, dans le cabinet Ribot (20 mars - août 1917) dont il démissionna en constatant la rupture de l’« Union sacrée ». Il déclara alors :
« Pitié mon Dieu ! Vous êtes notre Père
À genoux, vos enfants sont en pleurs
Protégez-nous tout le temps de la guerre
Que nos soldats soient partout les vainqueurs
Pitié mon Dieu ! Pour la France coupable !»
Il a laissé plusieurs ouvrages dont : L’Évolution de la vie (1885, couronné par l’Académie française), Le Monde extérieur (1895), Contre les barbares (1899), L’Esprit nouveau (1900), Ententes et ruptures (1905). Il fut élu à l’Académie française le 16 février 1911.
Amateur d'art, Denys Cochin achète chez Durand-Ruel des tableaux impressionnistes, notamment de Claude Monet. En 1895, Denys Cochin commande à Maurice Denis une décoration d'ensemble pour son bureau sur un sujet tiré de la légende du Beau Pécopin, racontée par Victor Hugo dans Le Rhin, et de la légende de saint Hubert. Le choix de ces sujets illustre sa passion pour la vénerie, qu'il pratique en forêt de Fontainebleau, au départ de sa propriété de Beauvoir (Seine-et-Marne). Les sept panneaux de cette décoration sont conservés au Musée Maurice Denis. Albert Besnard réalise son portrait en 1902 (collection particulière).
--------------
Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire