10 juin. – Quelques prix.
Autoportrait d'Adélaïde Labille-Guiard, 1785. En 1787, elle décide de se représenter dans toute la splendeur acquise par son statut de peintre de l’Académie avec une robe coûteuse qui accroche la lumière. On ne peut qu’admirer le talent du peintre pour le rendu de cette robe. Elle tient toujours pinceaux et palette, mais le spectateur la voit désormais par les yeux de son modèle. Derrière elles, se tiennent ses deux élèves Mesdemoiselles Capet et Carreaux de Rosemond.
Autoportrait d'Adélaïde Labille-Guiard, 1785. En 1787, elle décide de se représenter dans toute la splendeur acquise par son statut de peintre de l’Académie avec une robe coûteuse qui accroche la lumière. On ne peut qu’admirer le talent du peintre pour le rendu de cette robe. Elle tient toujours pinceaux et palette, mais le spectateur la voit désormais par les yeux de son modèle. Derrière elles, se tiennent ses deux élèves Mesdemoiselles Capet et Carreaux de Rosemond.
J’ai vendu à E.J. Berwind, le roi du charbon, le portrait de Mme Labille-Guiard(1) par elle-même avec ses deux élèves, Mlles Capet et Rosemont, illustré dans Portalis, quatre-vingt-dix-huit mille dollars (98 000$) ....
... les Deux Sœurs par Fragonard, cent quatre-vingt-quatorze mille dollars (194 000$) ...
... Jeanne de Richemont, par David, deux cent vingt-huit mille dollars (228 000$)...
... Marie-Antoinette en rouge, par Mme Vigée-Lebrun, cent vingt mille dollars (120 000$).
Les deux soeurs de Jean Honoré Fragonard (1732–1806)
au Met NY L'identite des deux soeurs est inconnue. Jusqu'à récemment, on disait qu'il s'agissait de Rosalie, la soeur du peintre(née en 1769) et de sa belle-soeur Marguerite Gérard (née en 1761) mais la différence d'âge entre les jeunes filles infirme cette hypothèse. La toile a été coupée, ainsi que le prouve une copie en pastel de cette toile par l'abbé de Saint-Non. La plus âgée des fillettes poussait un cheval à bascule sur lequel était assise la plus jeune.
Madame Philippe Panon Desbassayns de Richemont (Jeanne Eglé Mourgue, 1778–1855) et son fils, Eugène (1800–1859)
par Marie Guillelmine Benoist (Paris 1768–1826 Paris)
Date: 1802 Source Metmuseum
La peinture a été vendue par Gimpel à Berwind pour un David (il n'aurait pas obtenu cette somme pour une "peinture de femme") et elle est présentée pour telle dans la presse lors d'une visite d'anciens combattants au musée sur cette photo. Source The Historic Images store
Or, manifestement l'attribution a été revue et corrigée et on a reconnu dans l'auteur de la toile son élève, Marie-Guillelmine Benoist, cette oeuvre étant supposée être à un portrait qu'elle a montré au Salon de 1802. Le modèle par contre est certain. Jeanne Eglé Fulcrande Catherine Mourgue, appelée Egle, née à Montpellier en 1778 a épousé Philippe Panon Desbassayns de Richemont (1774-1840) en 1799. Son mari a eu une carrière administrative et diplomatique brillante sous le Consulat, l'Empire et la Restauration. Source Metmuseum
... Jeanne de Richemont, par David, deux cent vingt-huit mille dollars (228 000$)...
Je n'ai aucune certitude qu'il s'agisse de ce portrait de la reine par Madame Vigée-Lebrun, mais cette toile ayant été copiée plusieurs fois par l'artiste elle-même, cela n'a rien d'invraisemblable. Source ici.
... Marie-Antoinette en rouge, par Mme Vigée-Lebrun, cent vingt mille dollars (120 000$).
Au 647.
Le 647 est l'immeuble de droite.
Toujours à côté de chez Cartier (à gauche) !! Actuellement occupé par Versace.
C’est ma maison d’affaires à New York, un hôtel particulier, un des plus beaux bâtiments de la Cinquième avenue. Façade à cinq étages, en marbre, à côté de Cartier, le bijoutier. Trois fenêtres sur la rue ; ici, c’est beaucoup car les milliardaires n’en ont généralement que deux, doux pays. Deux vitrines sous arches, genre des magasins de la place Vendôme. Le loyer de cette maison avec impositions foncières me revient en ce moment à trente-six mille dollars. Vanderbilt est mon propriétaire. C’est bon marché. Mon installation, l’année dernière, m’a coûté plus de cent quarante mille dollars.
A notre balcon est suspendu un drapeau qui porte six étoiles bleues sur rectangle blanc entouré de rouge. C’est le « Service Flag » pour montrer, afficher que six personnes dans cette maison d’affaires, patrons et employés, sont partis comme soldats. Naturellement, les drapeaux des clubs, des grands magasins, des banques, sont couverts de centaines d’étoiles. On signale les morts par des étoiles d’or. On a aussi créé un « Red Cross Flag » et un « Liberty Loan Flag » pour signaler au public dans quelle proportion chaque maison a souscrit pour la Croix-Rouge et à l’emprunt.
Service Flag avec une étoile d'or
Red Cross Flag autralien
Liberty Loan Flag
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Note de l'auteure du blog
* Adélaïde Labille-Guiard, appelée aussi Adélaïde Labille des Vertus, née le 11 avril 1749 à Paris, où elle est morte le 24 avril 1803, est une peintre, miniaturiste et pastelliste française.
Adélaïde Labille est la plus jeune des huit enfants, dont la plupart meurent en bas âge, d’un couple de bourgeois parisiens. Son père Claude-Edmé Labille est mercier et propriétaire de la boutique de mode, À la toilette, située rue Neuve-des-Petits-Champs, dans la paroisse Saint-Eustache. C’est dans cette boutique que débuta Jeanne Bécu, future Madame du Barry.
Adélaïde Labille épouse à vingt ans Nicolas Guiard, un commis auprès du receveur général du Clergé de France. Son mari ne lui est donc d’aucune aide dans sa carrière de peintre. Sur son contrat de mariage signé le 25 août 1769, il est indiqué qu'Adélaïde est peintre de l’Académie de Saint-Luc. Elle exerce déjà en tant que peintre professionnel. Les époux se séparent officiellement le 27 juillet 1779, la séparation de biens existant sous l’Ancien Régime. Ils divorcent en 1793 une fois que la législation révolutionnaire le permet. Le 8 juin 1799, Adélaïde épouse en secondes noces le peintre François-André Vincent, lauréat du Prix de Rome en 1768 et membre de l’Académie des Beaux-Arts. Elle le connaît depuis l’adolescence. Mais Adélaïde est déjà une artiste reconnue pour ses pastels et ses peintures. Ce mariage dure jusqu’à la mort d’Adélaïde en 1803. Même après son divorce et son remariage, Adélaïde conserve le nom de Guiard, puisque c’est sous le nom d’Adélaïde Labille-Guiard qu’elle est connue dans le monde artistique.
Adélaïde Labille-Guiard maîtrise admirablement la miniature, le pastel et la peinture à l’huile, mais on ne sait que peu de choses sur sa formation. Étant une femme, elle est exclue des formations fournies par les peintres dans leurs ateliers ne pouvant pas suivre l’enseignement aux côtés de jeunes hommes. Elle suit donc seule un enseignement auprès de maîtres acceptant de prendre des jeunes filles comme élèves contre rétribution. Durant son adolescence, Adélaïde suit une formation de miniaturiste auprès du portraitiste, habile miniaturiste et peintre à l'huile François-Elie Vincent. Né en 1708 à Genève, François-Elie est professeur à l’Académie de Saint-Luc avant d’accéder en 1765 à la charge de conseiller. La famille de Vincent est proche d’Adélaïde. Elle connaît donc depuis son adolescence François-André Vincent, le fils de son maître. Après son mariage avec Guiard, elle fait son apprentissage du pastel chez un maître du genre Quentin de La Tour entre 1769, date de son mariage et 1774, année où elle expose à l’Académie de Saint-Luc un portrait d’un magistrat au pastel. Elle est ensuite initiée à la peinture à l’huile par François-André Vincent.
Adélaïde est admise à l’Académie de Saint-Luc en 1769 grâce à François-Élie Vincent alors qu’elle a à peine vingt ans. .... Appartenir à l’Académie de Saint-Luc permet à Adélaïde d’exercer professionnellement son art. ... Ce n’est qu’en 1774 qu’elle expose pour la première fois au Salon de l’Académie de Saint-Luc. L’œuvre qu’elle y présente est un portrait de magistrat au pastel. Dès cette première exposition, Adélaïde voit ses œuvres comparées à celles de Elisabeth Vigée-Lebrun. ... Le succès de ce salon fut tel que l’Académie royale de peinture et de sculpture en prend ombrage.
L’Académie de Saint-Luc ferme donc ses portes en 1777. Dès lors Adélaïde cherche à entrer à l’Académie royale pour se faire connaître. Pour y entrer, il est nécessaire de présenter une peinture à l’huile. Elle commence son apprentissage de la peinture à l’huile auprès de son ami d’enfance François-André Vincent. Après la fermeture de l’Académie de Saint-Luc, le salon de la Correspondance, un Salon permanent, est créé en 1779 rue de Tournon par Pahin de la Blancherie. Les artistes n’appartenant pas à l’Académie royale de peinture et de sculpture peuvent y exposer leurs œuvres contre une cotisation minime. Il ouvre en 1781. Adélaïde choisit de n’y exposer que des pastels qui sont bien accueillis par les critiques. C’est grâce à des hommes qu'Adélaïde parvient à se faire connaître en tant que peintre et pastelliste. François-André Vincent, reçu tout juste à l’Académie royale de peinture, envoie à Adélaïde plusieurs personnalités de l’Académie comme Vien, les professeurs Voiriot et Bachelier, son ami Suvée, pour faire leur portrait. Ses hommes, appréciant le talent de l’artiste, sont alors acquis à sa candidature à l’Académie royale de peinture. En 1782, elle expose au salon de la Correspondance, son autoportrait au pastel et les portraits à l’huile de Vincent et de Voiriot.
En 1783, elle finit la série des portraits d’académiciens au pastel. Ils sont représentés assis, en buste, en habit et tenant leur couvre-chef sous le bras. .... Les critiques comparent les pastels de Adélaïde avec ceux de Quentin de La Tour, le maître du genre. Adélaïde est une artiste reconnue dans ce domaine.
Sous le titre de Supplément de Malborough au Salon, un auteur demeuré inconnu publie des couplets où les femmes peintres Anne Vallayer-Coster, Elisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard sont injuriées, de même que le peintre Hue lors du Salon de 1783. Adélaïde y est accusée d’avoir de nombreux amants dont François-André Vincent. Il ne s’agit que d’accusations mensongères courantes pour les femmes qui exercent un métier défini alors comme masculin, d’autant plus quand, comme Adélaïde, elles sont séparées de leur mari. Dès qu’elle en prend connaissance, Adélaïde écrit à la comtesse d'Angiviller, épouse du directeur des Bâtiments du Roi une lettre pour faire arrêter la publication de ce pamphlet. Cette femme, qui a des relations, n’a aucun mal à confier à la police cette affaire. Tous les pamphlets imprimés sont détruits.
En 1790, la Révolution française pousse Adélaïde à partir à la recherche d’une autre clientèle dans un milieu politique très actif. Elle s’est introduite dans l’entourage du duc d’Orléans comme en témoigne le portrait de Madame de Genlis, sa maîtresse. À la même époque, elle défend devant l’Académie royale de peinture le fait qu’elle doit être ouverte à toutes les femmes sans limitation de nombre. Elle est soutenue par ses amis Vincent, Pajou, Gois et Miger, mais le vote n’est pas considéré comme valable. En 1791, les tantes du roi se réfugient en Italie. Adélaïde doit trouver de nouveaux patrons. Elle fait donc les portraits de quatorze députés à l’Assemblée nationale dont celui de Talleyrand. En retour, celui-ci propose à l’Assemblée de donner aux femmes privées de fortune les moyens de subsister par le produit de leur travail. Son portrait de Robespierre est connu pour son cadrage innovant et son fond neutre. Les critiques étant bonnes, Adélaïde s’assure d’être soutenue par les nouveaux puissants à Paris. En 1792, ayant une pension du roi, elle risque d’être prise pour une personne soutenant la monarchie. Elle choisit donc de partir de Paris pendant quelque temps pour Pontault-en-Brie avec François-André Vincent. En 1793, lors de la Terreur, Adélaïde est forcée de détruire son grand tableau Réception d’un Chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare par Monsieur auquel elle travaille depuis plusieurs années. Il s’agit du portrait du frère de Louis XVII. Sous le choc de la perte de son œuvre, Adélaïde ne participe pas au Salon de 1793 et cesse de peindre pendant un temps. Grâce à Joachim Lebreton, chef des bureaux des Musées, elle obtient une pension de 2000 livres en 1795 et un logement pour elle au Collège des Quatre Nations. Elle possède aussi un atelier à l’Institut de France. Elle expose les portraits de Joachim Breton et de François-André Vincent au Salon de 1795. Elle continue à exposer des portraits au Salon de 1798 à 1800, étant toujours bien vue des puissants par son attitude assez favorable à la Révolution.
Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
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