L’Allemagne répond au président Wilson qu’elle accepte ses conditions de paix, et elle se déclare, avec l’Autriche, prête à évacuer les territoires envahis en vue d’un armistice.
Aussi vais-je appeler mon fils Jean Victor !
Sur Groult.
Joe Duveen me raconte ceci : « Il y a bien des années, j’étais très jeune alors, nous avions acheté en Angleterre quatre merveilleuses tapisseries de Boucher. Je les apporte à Paris ; j’en parle à Groult et je ne lui cache pas que je suis pressé de retourner à Londres. Il m’invite à dîner et il avait du monde. A 11 heures nous restons seuls. « Et mes tapisseries, lui dis-je. – Nous avons le temps, prenez ce verre de punch. – Je ne bois pas. – Vous avez tort, essayez. – Non merci. – Bien, alors revenez demain après le dîner. » Je reviens le lendemain, il m’offre des liqueurs que je refuse et pendant huit jours il continue ce manège, mais chaque soir il parvenait à me faire baisser mon prix. Parce qu’il me savait anxieux de partir, il me forçait à rester à Paris. Il a cyniquement avoué plus tard à un de ses amis qu’il avait cherché à me griser. Le dernier soir, je lui vends les tapisseries six cent mille francs. Il appelle sa femme et lui dit d’apporter cette somme. Il compte les six cents billets ; il m’oblige à les compter après lui, il était 11 heures du soir, j’en avais assez. Enfin, je rentre au Continental et je dépose l’argent dans le coffre. A 1 heure du matin, on me réveille, on me demande au téléphone. C’est Groult. « Allo ! Duveen, vous avez oublié de me donner un reçu, apportez-le-moi tout de suite. » J’ai raccroché assez rapidement. Il a attendu son papier jusqu’au matin. »
Gros prix.
Je dis à Joe : « J’ai offert à Henderson quarante mille livres pour ses deux Rembrandt. Trente mille livres pour le portrait de l’homme seul. Cherchez à les avoir en retournant à Londres. Il y a cinq ans, j’ai offert cent mille livres pour le Vélasquez, le Holbein et le Quentin Metsys de Lord Radnor. Aujourd’hui, vous pouvez lui en donner cent quarante mille livres. »
Baron Joseph Bonnier de La Mosson, 1744 par Nattier
A son tour, Joe me dit d’offrir trente-six mille livres pour le Rembrandt du prince de Broglie. Je lui demande de me montrer le Nattier qu’il a repris à Huntington dans un échange. Il m’annonce qu’il vient de le vendre onze mille livres à Tombacco, un Egyptien (1)*.
--------------
Note de l'éditeur et de l'auteure du blog
(1) Aujourd’hui dans la collection E. Berwind à New York. (Note de 1929.)
* Baron Joseph Bonnier de La Mosson, 1744 - Galerie nationale d'Art, Washington [probably 1744 Dr. Alfred Debatz, by 1905 - 1908 S. Guiraud, 1908 Knoedler & Company, 1908 - 1911 Henry Edwards Huntington, 1911 - 1918 Duveen Brothers, Inc., 1918 - N. E. Tamoaco Edward Julius Berwind, by 1929 - 1936 Julia A. Berwind, 1936 - possibly 1939 Margaret Dunlap Behn, possibly 1939 - 1977 Newhouse Galleries, 1977]
Joseph Bonnier de la Mosson (1702-1744) était le descendant d'une famille de marchands de tissu aisés de la ville méridionale française de Montpellier. Il a servi comme officier dans l'armée royale française jusqu'à la mort de son père en 1726. Il était un esprit universel qui se piquait de littérature, de musique et de sciences. Il est décédé subitement le 26 Juillet, 1744.
Nattier a commencé le portrait de Bonnier au début de 1744, l'année de sa mort ; il a signé et daté la toile l'année suivante. Le portrait a peu de rivaux dans le portrait français de l'époque, non seulement pour l'élégance de sa composition et le raffinement de sa coloration, mais aussi pour sa délimitation vive de caractère.
Source Wga
--------------
Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963