J’ai passé mon après-midi et ma soirée sur les grands boulevards. La foule a doublé ; la joie, est-ce possible ? a centuplé. Les femmes sont folles mais sages. Pas un homme ivre. Des baisers, beaucoup de baisers, des oiseaux qui s’embrasseraient au vol. Les soldats américains sont les plus fêtés, et ils sont aussi les plus exubérants. Autour d’eux tournent des rondes échevelées. Devant la Madeleine, sur un refuge, un Sammy, très applaudi, chante, et presque sans accent, La Madelon *.
Avec ma femme, nous entrons dîner chez Larue et deux midinettes nous crient : « Ah ! les voilà les nouveaux riches ! » Hier soir, sur le balcon de l’Opéra (le théâtre faisait relâche) Chenal **, sous l’arche toute illuminée du milieu, a chanté La Marseillaise, mais aujourd’hui le théâtre joue, et la foule presque sans espoir réclame encore Chenal.
Le peuple, heureux, va recevoir sa récompense. On lui annonce, vers 10 heures, que sa favorite va paraître, mais le temps passe et elle ne vient pas. Un machiniste l’annonce toutes les cinq minutes ; à la fin on le hue, alors il crie : « Attendez, elle est su’l’pot. » La foule éclate de rire et se calme. Voici Chenal. Elle chante La Marseillaise. La foule se tait, et puis c'est le délire. Il est près de minuit, le dernier métro est passé. Qu’importe ! Ce soir on rentre à pied aux plus lointains quartiers !
Le peuple, heureux, va recevoir sa récompense. On lui annonce, vers 10 heures, que sa favorite va paraître, mais le temps passe et elle ne vient pas. Un machiniste l’annonce toutes les cinq minutes ; à la fin on le hue, alors il crie : « Attendez, elle est su’l’pot. » La foule éclate de rire et se calme. Voici Chenal. Elle chante La Marseillaise. La foule se tait, et puis c'est le délire. Il est près de minuit, le dernier métro est passé. Qu’importe ! Ce soir on rentre à pied aux plus lointains quartiers !
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Notes de l'auteure du blog :
* Chant qui donna ensuite une version spéciale victoire dite La Madelon de la Victoire (musique de Lucien Boyer)
I Après quatre ans d'espérance
Tous les peuples alliés
Avec les poilus de France
Font des moissons de lauriers
Et qui préside la fête ?
La joyeuse Madelon,
Dans la plus humble guinguette
On entend cette chanson:
Ohé Madelon !
A boire et du bon !
Refrain
Madelon, emplis mon verre,
Et chante avec les poilus,
Nous avons gagné la guerre
Hein ! Crois tu, on les a eus !
Madelon, ah ! verse à boire
Et surtout n'y mets pas d'eau
C'est pour fêter la victoire
Joffre, Foch et Clemenceau ! autre version remporté par nos héros
II
Sur les marbres et dans l'histoire
Enfants vous verrez gravés
Les noms rayonnants de gloire
De ceux qui nous ont sauvés
Mais en parlant de vos frères
N'oubliez pas Madelon
Qui versa sur leur misère
La douleur d'une chanson
Chantons Madelon
La muse du front !
III
Madelon la gorge nue
Leur versait le vin nouveau
Lorsqu'elle vit toute émue
Qui ? le général Gouraud.
Elle voulut la pauvrette
Se cacher dans la maison
Mais Gouraud vit la fillette
Et lui cria sans façon:
Ohé, Madelon !
A boire et du bon !
** La cantatrice Marthe Chenal, engagée comme infirmière et chanteuse au front, "incarnation vivante de la Marseillaise", peut entonner le 11 novembre 1918 l’hymne national sur les marches de l’Opéra de Paris devant la foule.
I Après quatre ans d'espérance
Tous les peuples alliés
Avec les poilus de France
Font des moissons de lauriers
Et qui préside la fête ?
La joyeuse Madelon,
Dans la plus humble guinguette
On entend cette chanson:
Ohé Madelon !
A boire et du bon !
Refrain
Madelon, emplis mon verre,
Et chante avec les poilus,
Nous avons gagné la guerre
Hein ! Crois tu, on les a eus !
Madelon, ah ! verse à boire
Et surtout n'y mets pas d'eau
C'est pour fêter la victoire
Joffre, Foch et Clemenceau ! autre version remporté par nos héros
II
Sur les marbres et dans l'histoire
Enfants vous verrez gravés
Les noms rayonnants de gloire
De ceux qui nous ont sauvés
Mais en parlant de vos frères
N'oubliez pas Madelon
Qui versa sur leur misère
La douleur d'une chanson
Chantons Madelon
La muse du front !
III
Madelon la gorge nue
Leur versait le vin nouveau
Lorsqu'elle vit toute émue
Qui ? le général Gouraud.
Elle voulut la pauvrette
Se cacher dans la maison
Mais Gouraud vit la fillette
Et lui cria sans façon:
Ohé, Madelon !
A boire et du bon !
** La cantatrice Marthe Chenal, engagée comme infirmière et chanteuse au front, "incarnation vivante de la Marseillaise", peut entonner le 11 novembre 1918 l’hymne national sur les marches de l’Opéra de Paris devant la foule.
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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
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