23 octobre. – Sur Toulouse-Lautrec.
« Il fut très mal vu de sa famille, me dit Georges Bernheim, jusqu’au jour où il devint célèbre. Alors, Séré de Rivières, son parent, un très auguste président au tribunal de la Seine, lui demanda de peindre sa fille ; Toulouse-Lautrec, ironiste, lui donna deux nus, des femmes de b… l, et les lui fit mettre de chaque côté du portrait.
J’ai acheté une des toiles. » « Le portrait ? » dis-je. « Ah ! mais non, clame Bernheim, j’ai acheté une des femmes de b… l. »
25 octobre. – Collection Arthur Veil-Picard.
Arthur Veil-Picard (le plus grand des deux, forcément !!) avec son entraîneur Georges Batchelor
Son hôtel qu’il a payé un million huit cent mille francs est un bâtiment rectangulaire, 63, rue de Courcelles, entre cour et jardin. Le terrain s’étend jusqu’au faubourg Saint-Honoré. A gauche, le pavillon de la concierge dont la petite porte est toujours ouverte, à droite, les écuries. Au fond, quelques marches, un perron et l’hôtel, mais depuis quatre ans c’est un hôpital bénévole. Il me faut chercher l’entrée de service que je trouve à droite ; je descends quelques marches dans l’obscurité et je débouche dans la cuisine. Une bonne me montre l’escalier des domestiques et je monte deux étages. C’est le chemin que, depuis la guerre, Veil-Picard
est obligé de suivre chaque jour pour gagner ses appartements qui regardent sur les jardins. A côté de sa chambre, il a installé une pièce qui lui sert d’antichambre, de bureau, de salon et de cabinet d’amateur.
Portrait de Marie Solare de La Boissière, comtesse de Sesmaisons par Maurice Quentin de La Tour
— René Gimpel, me dit-il, je n’ai plus de collection, elle est à Pontarlier. Regardez le La Tour que je viens d’acheter au comte de Clermont-Tonnerre. Voyez si c’est beau. C’est le portrait de Marie Solare de La Boissière, comtesse de Sesmaisons.
— Elle a un masque à la Voltaire, elle lui ressemble, c’est beau comme un Houdon.
— Regardez le bleu velouté de sa robe, le manchon dans lequel ses mains se réfugient et cette fourrure de tigre ! Petit l’a gravé et Clermont-Tonnerre en a le dessin.
Marie-Gabrielle-Louise de La Fontaine Solare de La Boissière, marquise de Sesmaisons
Gilles-Edmé Petit (graveur) ; d'après Maurice-Quentin de La Tour (peintre) *
— Regardez le bleu velouté de sa robe, le manchon dans lequel ses mains se réfugient et cette fourrure de tigre ! Petit l’a gravé et Clermont-Tonnerre en a le dessin.
— Vous devriez le lui demander.
— Il me le donnera car nous sommes des copains.
Il poursuit :
— Je ne voulais pas de votre pastel, Le Président de Rieux, il est trop grand pour moi ; j’ai payé celui-ci cent cinquante mille francs et j’ai donné cinquante mille francs pour ses deux Pigalle qui sont sur la commode : l’Enfant à l’oiseau et l’Enfant au nid. Tous deux signés : Pigalle, sculpteur du Roy, 1768.
Le portrait de Gabriel Bernard des Rieux par La Tour est aujourd'hui au musée Paul Getty
— Je ne voulais pas de votre pastel, Le Président de Rieux, il est trop grand pour moi ; j’ai payé celui-ci cent cinquante mille francs et j’ai donné cinquante mille francs pour ses deux Pigalle qui sont sur la commode : l’Enfant à l’oiseau et l’Enfant au nid. Tous deux signés : Pigalle, sculpteur du Roy, 1768.
Ces marbres sont de qualité médiocre. Je vois à côté du tableau de Clermont-Tonnerre deux beaux La Tour de même dimension, Le Graveur Schmidt ...
et le portrait d’une femme tenant un masque de sa main gauche, exposé aux Cent Pastels, et de l’ancienne vente Laperlier. Le Graveur Schmidt avait passé aux ventes San Donato et Laperlier et dans cette dernière il avait dû être adjugé dans les quatre mille francs.
Du second, Veil-Picard me dit qu’il l’a acheté sept mille francs, il n’y a pas dix ans. Je lui en offre soixante-dix mille. Il me raconte : « Après la vente Laperlier, ce pastel, Le Graveur Schmidt, est parti en Allemagne et un beau jour on me l’apporte pour trente-cinq mille francs, je le voulais. J’en offre trente mille, mais votre père l’achetait entre temps, le vendait le jour même quarante-cinq mille à son client Ernest Crosnier et, à sa vente, je l’achetai quatre-vingt-dix mille francs.
Regardez aussi ce pastel par Russell qui fut également exposé aux Cent Pastels en 1907, il a son histoire. C’est un portrait assez fade de jeune femme. A la vente Leroi-Gauchez je pousse jusqu’à soixante mille francs, puis je me lève en disant à mon voisin, un marchand, de mettre encore mille francs. Quelques minutes après, j’avais gagné le fond de la salle, où l’on m’apprend que le pastel a été adjugé quatre-vingt mille francs. Je demande quel est l’imbécile qui l’a acheté et on me répond que c’est moi ! L’animal de marchand avait mal compris mon ordre.
Par contre, je n’ai payé que quarante mille francs cet autre La Tour, portrait de Watelet, à Arnault, de l’Ariège. Regardez encore ce Lami intitulé Le Dernier Galant. Il provient de chez Scott, l’héritier de Wallace. Jacques Seligmann l’a vendu quatre mille francs. »
Maurice Quentin de la Tour - Portrait de femme, en costume de bal, tenant un masque (Collection de M. Arthur Veil-Picard)
et le portrait d’une femme tenant un masque de sa main gauche, exposé aux Cent Pastels, et de l’ancienne vente Laperlier. Le Graveur Schmidt avait passé aux ventes San Donato et Laperlier et dans cette dernière il avait dû être adjugé dans les quatre mille francs.
Du second, Veil-Picard me dit qu’il l’a acheté sept mille francs, il n’y a pas dix ans. Je lui en offre soixante-dix mille. Il me raconte : « Après la vente Laperlier, ce pastel, Le Graveur Schmidt, est parti en Allemagne et un beau jour on me l’apporte pour trente-cinq mille francs, je le voulais. J’en offre trente mille, mais votre père l’achetait entre temps, le vendait le jour même quarante-cinq mille à son client Ernest Crosnier et, à sa vente, je l’achetai quatre-vingt-dix mille francs.
John Russell - Portrait de Mrs. Currie (Collection de M. Arthur Veil-Picard)
Regardez aussi ce pastel par Russell qui fut également exposé aux Cent Pastels en 1907, il a son histoire. C’est un portrait assez fade de jeune femme. A la vente Leroi-Gauchez je pousse jusqu’à soixante mille francs, puis je me lève en disant à mon voisin, un marchand, de mettre encore mille francs. Quelques minutes après, j’avais gagné le fond de la salle, où l’on m’apprend que le pastel a été adjugé quatre-vingt mille francs. Je demande quel est l’imbécile qui l’a acheté et on me répond que c’est moi ! L’animal de marchand avait mal compris mon ordre.
Maurice Quentin de la Tour - Portrait de Watelet, de l'Académie française, 62x52 cent. (Collection de M. Arthur Veil-Picard)
Par contre, je n’ai payé que quarante mille francs cet autre La Tour, portrait de Watelet, à Arnault, de l’Ariège. Regardez encore ce Lami intitulé Le Dernier Galant. Il provient de chez Scott, l’héritier de Wallace. Jacques Seligmann l’a vendu quatre mille francs. »
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Note de l'auteure du blog
* Cette estampe fait partie de la série de grands albums reliés contenant des portraits gravés et provenant du cabinet de gravures constitué par Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français. La constitution des albums s'est étendue pendant plus de vingt-cinq ans et était conservée au Palais-Royal. Sur les 114 volumes dont on garde la trace, 75 sont aujourd'hui conservés à Versailles dont 65 seulement contiennent des gravures - près de 16 500. Les albums furent ensuite conservés au manoir d'Anjou, près de Bruxelles, dans la collection d'Henri d'Orléans comte de Paris, puis, lorsqu'en 1948 le prince et sa famille quittèrent la Belgique pour se fixer au Portugal, les volumes furent mis en vente publique à Bruxelles. A la demande de Charles Mauricheau-Beaupré, le comte de Paris accepta de retirer les volumes et les vendit au château de Versailles pour 1 200 000 Francs. Cf. Delalex Hélène, " La collection de portraits gravés de Louis-Philippe au château de Versailles ", Revue des Musées de France - Revue du Louvre, 2009.
Source Archives de Versailles
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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
Bonjour
RépondreSupprimerJe propose à la vente ma collection de Lautrec .dessin lettres de famille livres etc documents authentiques et unique...si vous êtes intéressé ..miquel.ecozen@gmail.com
Bonjour
RépondreSupprimerJe propose à la vente ma collection de Lautrec .dessin lettres de famille livres etc documents authentiques et unique...si vous êtes intéressé ..miquel.ecozen@gmail.com