18 juin. – E. J, Berwind, roi du charbon.
Jeune (source Wikipedia)
Et plus tard, tel que le décrit Gimpel (source Find a grave)
C’est le vieux beau américain aux cheveux blancs, à la forte moustache qui, malgré son amour de l’élégance, ne pourrait souffrir le dandysme. C’est le premier amateur aux Etats-Unis qui ait apprécié nos tableaux du XVIIIe. Ses ancêtres viennent d’Allemagne pour laquelle il a toujours conservé ses sympathies malgré son amour pour l’art français. Je lui ai vendu une douzaine de tableaux qui comptent parmi les plus beaux du monde. L’intérieur de son hôtel est un bric-à-brac. Presque tout est faux. C’est parce qu’il croit qu’il a du goût qu’il n’a jamais demandé conseil à personne, et il est trop violent et trop autoritaire pour supporter la vérité. Il ne posséderait rien s’il ne m’avait pas rencontré, sauf deux grands et superbes Boucher, oh ! vraiment extraordinaires.
Madame Philippe Panon Desbassayns de Richemont (Jeanne Eglé Mourgue, 1778–1855) et son fils, Eugène (1800–1859) par Marie Guillelmine Benoist (Paris 1768–1826 Paris) Date: 1802 Source Metmuseum
La peinture a été vendue par Gimpel à Berwind pour un David (il n'aurait pas obtenu cette somme pour une "peinture de femme") et elle est présentée pour telle dans la presse lors d'une visite d'anciens combattants au musée sur cette photo. Source The Historic Images store
Le dernier tableau qu’il m’a acheté est le plus beau David au monde*, Jeanne de Richemont(1) et son fils Eugène. Cette femme de l’Empire en robe blanche, aux grands yeux bleus, aux cheveux éparpillés en accroche-cœur, porte l’aristocratie de la beauté faite mère. Elle est assise de côté. Son fils, dont on ne voit que la tête et le haut du corps, est un divin chérubin blond aux yeux ronds.
Je dîne avec lui dans ce grand cercle d’intellectuels.
Bertron est un de mes clients. Je lui ai vendu de splendides tableaux de l’école française, dont La Bonne Mère de Fragonard. Je parlerai plus tard de sa collection. Il a une belle tête aux traits réguliers, plus de cinquante ans. C’est l’Américain au visage jeune et aux cheveux blancs.
Bertron s’occupe de politique et son rêve secret serait d’obtenir l’ambassade de Paris.
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19 juin – Avec Bertron à l’University Club.
Note de l'éditeur
(1) Jeanne Catherine Eglé Fulcray de Mourgue avait épousé en 1798 Philippe Panon Desbassayns de Richemont, dit comte de Richemont. Il était né à Saint-Denis (île Bourbon) le 3 février 1774. En 1816, il est nommé commissaire général ordonnateur de l’île Bourbon, puis conseiller d’Etat, membre du conseil de l’Amirauté, et enfin député de la Meuse, le 25 février 1824, siège qu’il occupa jusqu’à la chute de Charles X. Il fut créé baron par lettre patente du 17 mars 1815, puis vicomte par ordonnance du 7 novembre 1824, et enfin comte sur institution d’un majorai par lettre patente du 6 octobre 1827. Il meurt à Paris le 7 novembre 1840, et sa femme le 20 mars 1855. Leur fils Eugène devint gouverneur des Etablissements français de l’Inde. Né au commencement de 1800, il mourut à Paris le 26 juin 1859.
Armes : d’or à la fasce d’azur, chargée de deux paille-en-queue au na-turel et accompagné en chef d’une main de carnation.
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Note de l'auteure du blog
* Et non, là encore ce malheureux Berwind avait acquis un faux : puisqu'il s'est avéré ensuite que ce David était une excellente peinture de son élève Marie Guillelmine Benoist
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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963
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