lundi 17 août 2015

4ème Carnet - 11 février 1919

11 février. – Mon métier. 

Williams, un de mes vendeurs, un Américain rude, m’explique ses nouvelles méthodes de travail. Il me dit : « Quand j’arrive dans une ville de province, je ne vais plus comme autrefois frapper à la porte de quarante clients ; aujourd’hui, j’agis comme un voleur. Je surveille une ou deux maisons, j’en étudie les habitants et, des habitants j’étudie les habitudes. Je parle avec les domestiques, je me fais expliquer les lieux et quand je suis bien renseigné sur les gens et sur les murs où je puis placer des tableaux, je fonce comme un taureau ! » (as a bull). 

La vente des orgues. 

Williams continue : « C’est une affaire encore plus amusante que la nôtre. Par exemple, un vendeur de l’Aeolian Company arrive dans une ville, vend à M. John un orgue à dix sifflets, va trouver M. Peter, lui dit que John n’a acheté que dix sifflets, alors Peter en commande un de quinze, et le prochain client visité, vingt, et ainsi de suite, car un orgue peut s’entendre de New York à San Francisco. L’année suivante, notre vendeur reparaît chez M. John qui, honteux de ses dix sifflets, en commande quinze, mais M. Peter, maintenant, en veut vingt et ainsi de suite. Et, sans cesse, les orgues sont en réparation par suite d’agrandissement.

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Extrait de Journal d'un collectionneur de René Gimpel - Edition Calmann-Lévy 1963

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